Air du large et iode en bouteille, nous voilà dans le Bassin d’Arcachon avec une quille enkystée de petits mollusques. Kesako ? Un Graves qui a reposé 6 mois sous l’Océan et qui nous arrive sur la table frais comme une huître  sauvage. Arôme pêche-pamplemousse, pointe saline, sa thalasso l’a fait vieillir un poil vite mais il s’offre tendre et caressant au palais. Algues wakamé au sésame grillé, Marennes d’Oléron et crevettes aromatisées au poivre de Timut rappellent l’atmosphère unique des cabanes du film les  « Petits mouchoirs ». Blanc des cabanes 2016-Graves Château de Lugey. (sauvignon, sémillon, muscadelle).

Ca ne se passe pas au Groenland. Mais dans les Pyrénées à 2500m d’altitude où notre Hibernatus a été enseveli à 5m sous la neige pendant 5 mois.C’est encore un Graves bordelais qui s’est pris un petit coup de vieux en accéléré dans l’échange molléculaire. La structure tannique et l’expression aromatique du vin se sont modifiées et complexifiées. Le vieillissement sous la neige lui a apporté un côté minéral inédit. Andouille médocaine et pâté de tête font la fête à ce bordeaux un tantinet petit-bourgeois. Rouge des Cîmes 2015-Graves Château de Lugey. (merlot, cabernet sauvignon).

C’est au tour de Braucol et Duras, un fameux duo de cépages endémiques du vignoble gaillacois, de rentrer en scène. Leur élevage en amphore ou jarre d’argile (150l) a permis, grâce à une bonne micro-oxygénation, de calmer la fougue tannique de la jeunesse et créer  de la rondeur. Frais, brillant, salivant, sur les petits fruits noirs (cassis notamment), ce vin nature se boit avec gourmandise. Une touche de poivre mentholé au finish apporte vigueur et longueur (6 caudalies de persistance aromatique). Boudin noir, lentilles parfumées au poivre de Cubèbe laissent en bouche une jolie harmonie de saveurs douces et fraîches. Domaine de Brin. Cuvée Amphore 2017. (Braucol, duras).

Attention à la fièvre jaune ! Car ce soir, c’est poker time : ça passe ou ça casse ! Le jaune, c’est mon idole, du savagnin pur et ses arômes puissants liés aussi au terroir. Après 6 ans et 3 mois délevage en fût sous un voile de levures indigènes qui protège le vin, celui-ci se concentre en arômes. Cette méthode traditionnelle oxydative produit des vins de grande garde. Pour preuve, notre Arbois 1997 du domaine Jacques Puffeney.  Un jaune qui envoie de la noix fraîche, de la pomme granny, du céléri, de la mie de pain levurée, de la noisette grillée, des épices… Une turbulence de parfums enivrants qui vibrent à l’unisson de l’acidité et de la minéralité du vin. Evidemment, c’est un comté de 3 ans d’âge (Marcel Petite) qui joue l’accord parfait. Merveilleux! On tente un Moliterno à la truffe, moins bien ! Un cake aux épices (gingembre citron) salué par nos papilles conclue la dégustation en beauté ! A la suivante ! Arbois vin jaune 1997. Domaine Jacques Puffeney. (savagnin).